Les digues, brise-lames et autres ouvrages en dur n’ont rien d’une panacée. Les solutions fondées sur la nature aussi ont de sérieux atouts pour l’adaptation du littoral français au climat.
13 mars 2024
Début de la tempête Christine, le 2 mars 2014 à Mimizan

Début de la tempête Christine, le 2 mars 2014 à Mimizan (Nouvelle-Aquitaine). 

© Observatoire de la Côte Aquitaine – Bertrand Duport 

Montée des eaux : quelles solutions fondées sur la nature pour aider les littoraux français à s’adapter ?

Souvent très modifiées par l’humain à travers les constructions et l’aménagement du territoire, les côtes françaises sont exposées de façon croissante aux effets du changement climatique.

Ceux-ci se manifestent par une augmentation de la fréquence des submersions, par l’intensification de l’érosion des littoraux ou encore par des phénomènes de salinisation des estuaires et des nappes phréatiques côtières.

Une menace imminente face à laquelle les populations peuvent adopter différents comportements et stratégies, pouvant s’échelonner de l’inaction à la recomposition spatiale des territoires. Des "outils" permettent pourtant une lutte active contre les aléas submersion et érosion. Parmi ceux-ci, les solutions fondées sur la nature (SFN). Il s'agit des actions de gestion, de protection et de restauration des écosystèmes qui permettent de répondre aux défis sociétaux tout en produisant des bénéfices pour le bien-être humain et la biodiversité.

Des digues pas dénuées d’inconvénients

Historiquement, la protection côtière s’est largement appuyée sur la construction d’ouvrages de génie civil de défense contre la mer. On estime ainsi que 70% du littoral européen est protégé par des ouvrages de protection comme les enrochements, les digues, les épis, les brise-lames ou encore les portes à flots.

Ces ouvrages ont cependant des inconvénients de taille : le coût de ces techniques dites "dures" est souvent élevé, avec un besoin d’entretien accru. De plus, ces ouvrages ne s’adaptent pas aux évolutions des aléas, voire augmentent le risque de submersion brutale en cas de rupture soudaine.

Ces structures lourdes ont trop souvent été mises en place au détriment du soin des écosystèmes naturels, lorsqu’ils sont encore présents. Or, des écosystèmes sains, résilients, fonctionnels et diversifiés rendent de nombreux services aux sociétés humaines, qu’on appelle des services écosystémiques.

Des solutions fondées sur la nature efficaces et économiquement avantageuses

Les écosystèmes littoraux sont actuellement altérés et menacés par les activités humaines, le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Paradoxalement, ils sont désormais au cœur de solutions de résilience durable pour la protection côtière qui s’inscrivent dans la grande famille des SFN.

Citons par exemple les dunes de Nouvelle-Aquitaine. Le service de régulation de l’érosion côtière assuré par les écosystèmes dunaires est considérable à l’échelle de la région, qui possède la plus grande côte sableuse de la façade maritime de France. Au-delà de ses bénéfices environnementaux, les SFN y sont également intéressantes au plan économique.

Les coûts de maintien de ce service, qui passe par la restauration des écosystèmes dunaires (par exemple replantation d’espèces végétales comme les oyats), des mesures de gestion et de protection (par exemple gestion de la fréquentation et des chemins d’accès pour éviter le piétinement des dunes) sont largement plus faibles que ceux consentis pour la mise en place et l’entretien d’ouvrages de protection lourds, ou le rechargement sans fin des plages.

Les premières leçons des sites pilotes

De plus en plus d’initiatives émergent, en Europe comme en France. Avec, déjà, des retours d’expériences encourageants. C’est par exemple le cas du projet Adapto (mené par le Conservatoire du Littoral et le BRGM) qui, pendant cinq ans, a permis d’explorer, sur dix sites pilotes, des solutions de gestion douce du trait de côte. De quoi démontrer l’intérêt écologique - mais également économique - des SFN.