La sécurité environnementale prend de plus en plus de place dans la gestion des risques après-mine. Les travaux de mise en sécurité du dépôt de résidus chargés en plomb et arsenic, issus du traitement de minerai plomb-argentifère, à Roure-les-Rosiers, en sont un cas typique.
31 janvier 2019
Les travaux de mise en sécurité du dépôt de résidus de traitement de minerai plomb-argentifère de Roure-les-Rosiers

Les travaux de mise en sécurité du dépôt de résidus de traitement de minerai plomb-argentifère de Roure-les-Rosiers commencent avec le regroupement et le remodelage des résidus. 

© BRGM - P. Sabourault 

Protéger la population de risques physiques (éboulements, chutes…) a toujours été le leitmotiv des travaux de mise en sécurité menés par le DPSM du BRGM sur des anciens sites miniers. Les aspects environnementaux, et c’est une tendance forte pour l’après-mine, prennent de plus en plus d’importance désormais. Cette évolution trouve sa source dans certains résidus de traitements de minerais qui restent sur place après la fin d’exploitation du site, et peuvent représenter un risque environnemental, voire sanitaire. 

Ainsi, dans le district minier de Pontgibaud, pas moins de 300 000 m3 de résidus déposés à l’air libre, contiennent de fortes concentrations en plomb et arsenic. Le dépôt de résidus de Roure-les-Rosiers (à Saint-Pierre-le-Chastel dans le Puy-de-Dôme) se trouve au sein de ce district. Le BRGM y est intervenu en 2017 pour sécuriser 84 700 m3 de dépôts issus du traitement de minerai de plomb argentifère. Il devenait urgent de sécuriser les lieux très fréquentés, d’autant qu’ils sont dans une région touristique d’Auvergne, soumise elle-même à des mesures de protection de l’environnement (faune, flore…). 

Concentrations élevées à l'air libre de plomb et d'arsenic 

Le district minier de plomb-argentifère de Pontgibaud, l’un des plus importants d’Europe, a connu dès l’Antiquité, mais surtout au XIXe siècle, des travaux d’exploitation massifs dans trois concessions minières, pour s’arrêter en 1939. Ces travaux, sur des filons de galène argentifère, ont permis d’extraire en tout 50 000 tonnes de plomb et 100 tonnes d’argent. Près de 60 vestiges, sous forme de puits et de galeries, ouverts et dangereux subsistaient encore un siècle après la fermeture des mines ! Ils ont été mis en sécurité par le BRGM en 2009. 

Le minerai, après avoir été extrait du sous-sol, subissait dans les laveries, comme à celle de Roure-les-Rosiers, diverses opérations de broyage-concassage, lavage, séparation gravitaire et décantation afin de concentrer les éléments valorisables économiquement (plomb et argent). Le minerai de plomb sortait concentré à près de 90 % vers la fonderie de Pontgibaud. Les matières non valorisables issues de ce traitement étaient souvent déposées à proximité immédiate de ces laveries, et formaient ainsi des dépôts devenant de plus en plus volumineux au fil du temps. 

Ces résidus renferment des concentrations élevées notamment en plomb et arsenic qui ont empêché la reprise de la végétation, et ce malgré un siècle d’existence de ces dépôts !

Les travaux comprennent entre autres le curage et reprofilage d'un ruisseau, pour supprimer l'entraînement de particules par ruissellement

Les travaux comprennent entre autres le curage et reprofilage d'un ruisseau, pour supprimer l'entraînement de particules par ruissellement. 

© BRGM - P. Sabourault 

Remodelage, couverture ensemencée et fossé périphérique 

Les résidus se présentaient sous forme de sable, facilement accessible pour des promeneurs. Le site n’était pas clôturé et était parcouru par des chemins communaux proches d’une route départementale. Les résidus étaient exposés aux intempéries et, l’eau de pluie entraînait les particules de sable vers les deux ruisseaux bordant le site pour enfin se déverser dans la Sioule. « Les résidus sont soumis à une forte érosion par le ruissellement, le ravinement et l’envol des produits fins en impactant fortement les cours d’eau comme la Sioule, de même que les terrains avoisinants », expliquent les chercheurs du BRGM. 

Les risques sanitaires et environnementaux étant avérés, les travaux de mise en sécurité ont donc eu notamment pour objectif de limiter les impacts sur les eaux et les sols. Le réaménagement s’est déroulé à l’automne 2017. Le site, d’une superficie de 15 ha, est constitué des dépôts eux-mêmes, d’une retenue d’eau et de deux ruisseaux (la Veyssière et son affluent la Faye), s’écoulant le long des dépôts et parfois en leur sein. 

Mise en place d'une couverture de terre ensemencée en prairie afin de favoriser l'insertion paysagère des sites et la stabilisation des terrains

Mise en place d'une couverture de terre ensemencée en prairie afin de favoriser l'insertion paysagère des sites et la stabilisation des terrains. 

© BRGM - P. Sabourault 

Les équipes du BRGM ont tout d’abord procédé à un regroupement et à un remodelage des résidus épars en une zone unique. Une couverture de terre ensemencée en prairie a été mise en place afin de stabiliser cette couverture, tout en favorisant l’insertion paysagère du site. Enfin, concernant la gestion des eaux superficielles, un fossé périphérique d’environ 1 km entourant le site a été creusé afin de collecter les eaux de pluies et d’éviter l’érosion des résidus à leur contact. 

Des travaux qui devraient améliorer la qualité des eaux et des sédiments des ruisseaux, supprimer les envols et la dissémination des sables pollués, et supprimer le contact direct avec le public.