Care-Peat est un projet Interreg - Europe du Nord-Ouest (ENO). Douze partenaires travaillent ensemble pour réduire les émissions de carbone et restaurer la capacité de stockage du carbone de différents types de tourbières en Europe du Nord-Ouest.
24 mai 2022
Logo du projet Care-Peat

Logo du projet Care-Peat. 

© Care-Peat 

Les tourbières face au changement climatique

Pourquoi se concentrer sur les tourbières ? Les tourbières ne sont pas seulement des habitats abritant une flore et une faune très spécialisées, elles jouent également un rôle important dans la régulation du climat mondial. Les tourbières de l'hémisphère nord représentent 3 à 5% de la superficie totale des terres et contiennent environ 33 % du carbone du sol mondial. Par conséquent, les tourbières ont un fort potentiel naturel d'économie de carbone et jouent un rôle important dans les solutions naturelles au changement climatique.

Lorsque les tourbières sont drainées, le carbone bien préservé est libéré dans l'atmosphère sous forme de gaz à effet de serre. C'est pourquoi il est important de maintenir les tourbières humides. Malheureusement, de nombreuses tourbières sont dégradées et émettent du carbone au lieu de le stocker. Les émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre provenant des sols organiques drainés sont deux fois supérieures à celles de l'aviation. Nous devons agir maintenant pour empêcher toute nouvelle dégradation et encourager la reconstitution des tourbières restantes.

Tourbière de la Guette

Chiffres clés

  • 4.22
    M€
    Financement de l'UE

  • 7.03
    M€
    Budget total

  • 2019.00
    -2023
    Durée du projet

Tourbière de la Guette

Tourbière de la Guette - Sologne (France). 

© BRGM 

Objectifs du projet CARE-PEAT et résultats attendus 

L'objectif principal de Care-Peat (Carbone loss REduction in PEATlands : an integrated approach) est de mettre en place de nouvelles technologies innovantes de restauration et de mesure du carbone et d'impliquer les parties prenantes, locales et régionales.

Par conséquent, les organisations de protection de la nature, en collaboration avec les propriétaires fonciers locaux, restaurent les tourbières de 7 sites pilotes différents, d'une superficie de 1 à 250 hectares, et démontrent les économies de carbone (potentielles) réalisées grâce à la restauration. Pour chaque site pilote, différentes techniques de restauration sont utilisées - de la gestion manuelle à la culture de mousses de tourbe. Tout au long du projet, les organisations sont soutenues par les instituts de recherches pour développer et tester de nouveaux équipements, des méthodes et des modèles capables de prédire les flux de carbone (par exemple, en utilisant des drones et des satellites pour guider la restauration et fournir des données pour les modèles de carbone). Care-Peat travaille également avec des entreprises innovantes dans le domaine de la restauration et développe des partenariats avec des acteurs locaux et régionaux afin d'accroître l'impact des pilotes et maximiser les avantages socio-économiques.

Les principaux résultats de Care-Peat sont la publication d'un outil d'aide à la gestion et à la décision et d'un ensemble de modèles socio-économiques concernant les meilleures options de restauration des tourbières en matière de stockage du carbone. De cette façon, les résultats du projet sont transférés et reproduits aux utilisateurs de toute l'Europe du Nord-Ouest pour déterminer les mesures de gestion les plus appropriées, même après la fin de Care-Peat.
En 2021, dans le cadre du programme Interreg NWE, le projet Care-Peat a eu l'opportunité de renforcer son champ d'application avec un projet dit de "capitalisation". L'objectif est d'appliquer les résultats du projet à de nouvelles zones et à un nouveau groupe cible en Europe du Nord-Ouest. Grâce à cette approbation, pas moins de 3 nouveaux partenaires et 6 nouveaux partenaires associés ont rejoint notre consortium. Dans le projet de capitalisation, nous développons une méthodologie unifiée pour évaluer les émissions de gaz à effet de serre des tourbières, qui est largement applicable en Europe du Nord-Ouest (différents types de tourbières et régions), et ainsi augmenter l'impact de l'outil d'aide à la décision. Nous incluons également les agriculteurs et les organisations d'agriculteurs comme nouveau groupe cible principal en nous engageant directement avec eux et en incorporant les meilleures pratiques pour les économies de carbone sur les terres agricoles.

Care-Peat est ambitieux. D'ici la fin du projet, en 2023, nous pensons qu'environ 8137 tonnes d'émissions de carbone par an auront été évitées et stockées dans les 7 sites pilotes (au total, environ 645 hectares).

Après 2023, nous espérons que les organisations de protection de la nature et autres organisations de toute la région du nord-ouest de l'Europe prendront d'autres mesures, ce qui permettra de restaurer beaucoup plus de tourbières. Et plus les tourbières seront restaurées, plus la quantité de carbone économisée sera importante. De cette manière, les tourbières peuvent devenir un partenaire naturel important des politiques climatiques dans toute l'Europe du Nord-Ouest.

Réduction des émissions de carbone issues des tourbières : site pilote à La Guette (France)

Dans le cadre du projet Care-Peat, le BRGM travaille sur le site pilote de La Guette, dans le Cher, pour proposer des techniques de restauration des tourbières dégradées afin de leur permettre de retrouver leur fonctionnement de puits de carbone (2022).

© Interreg Care-Peat

Nous sommes sur la tourbière de La Guette, qui fait une vingtaine d'hectares, qui se trouve à Neuvy-sur-Barangeon dans le département du Cher. Depuis une centaine d'années, elle est perturbée, notamment par un drain qui longe la route et coupe le site en deux. Lors du nettoyage de ce drain, on s'est aperçu que ça abaisse le niveau de l'eau dans la tourbière, ce qui assèche et change la végétation. Et aussi, in fine, ça transforme le site en source de carbone au lieu de fonctionner en puits de carbone. On a des sphaignes, des plantes capables de créer des conditions favorables à leur propre développement. On a aussi des plantes que sont la molinie et les éricacées. Quand les sphaignes sont présentes, le système fonctionne en puits de carbone. Quand la molinie et les bruyères sont présentes, on a la transformation de puits de carbone en source de carbone. On a réalisé des placettes de 2 mètres par 2 mètres dans lesquelles on a enlevé la végétation envahissante et on a transplanté des sphaignes. Après quelques années, on a vu que c'était très positif. Beaucoup de sphaignes se développaient. On a donc décidé dans le cadre du projet européen Care-Peat de faire des parcelles de 600 m². Donc on a fait 2 parcelles. On espère qu'à terme, les sphaignes envahiront la parcelle pour pouvoir stocker du carbone. Quand une tourbière est dégradée, elle émet du carbone vers l'atmosphère, elle fonctionne en source de carbone. La restauration écologique vise à inverser le processus et à les refaire fonctionner en tant que puits de carbone. Il y a différentes façons de mesurer le CO2 et le méthane. Dans le cadre de notre projet, nous avons de petites surfaces. Nous nous concentrons donc sur des analyseurs portatifs connectés à des chambres d'incubation. On les dépose à la surface du sol lorsqu'on veut faire la mesure, et on laisse le gaz soit s'accumuler à l'intérieur, soit diminuer en quantité. Cela nous indiquera si le système émet du carbone ou s'il en capte. Les chambres sont connectées aux analyseurs et tout se passe automatiquement pendant 2 à 3 minutes. Toutes les mesures qu'on a faites jusqu'à présent ont permis de mesurer localement et ponctuellement. Avec les modèles numériques, nous allons pouvoir passer de cette échelle locale à une échelle plus globale, et donc nous allons pouvoir estimer ces flux à l'échelle du site. La 1re chose, c'est connaître les données qui existent sur le site, donc c'est une compilation des données de la littérature, mais aussi des données acquises dans le projet Care-Peat. La 2e étape est une phase de calibration. Nous sélectionnons un certain nombre de processus et à partir de données de terrain, on va calibrer ces équations mathématiques. La dernière étape du processus consiste à appliquer le modèle numérique à l'ensemble du site, et donc à caractériser les flux de CO2. On va donc mesurer et simuler des scénarios qui vont nous permettre de connaître le comportement de la tourbière et d'estimer les flux en CO2 à une échelle de 10, 20 ou 30 ans. Pour le futur de Care-Peat, la 1ère étape va consister à vérifier si les expérimentations ont fonctionné, et dans un second temps, il faudra étendre cette expérimentation à de plus larges zones, afin de permettre notamment des capacités de stockage supérieures.

Rôle du BRGM 

Le BRGM est impliqué dans l’ensemble des tâches techniques du projet, en particulier la modélisation des échanges de gaz à effet de serre (CO2 et CH4) à l’interface entre les tourbières et l’atmosphère. Il s’agit d’un rôle transverse puisqu’il consiste à simuler ces échanges de gaz et à prédire les bilans Carbone de l’ensemble des 7 sites pilotes du projet. Le BRGM travaillera en étroite collaboration avec l’ensemble des organismes et instituts en charge des mesures in-situ de flux sur chacun des sites.   

Partenaires du projet 

Le partenariat principal est composé de 7 instituts de recherche et 5 organisations de protection de la nature basés en Belgique, France, Irlande, Pays-Bas et Royaume-Uni. Avec 5 sous-partenaires et 47 partenaires associés, nous développons et testons de nouvelles techniques et stratégies socio-économiques pour la réduction du carbone.

  • Belgique :  Natuurpunt (porteur de projet) 
  • France :  BRGM, Université d’Orléans, Université de Rennes, CNRS 
  • Pays-Bas :  Vereniging Natuurmonumenten, Eurosite, Van Hall Larenstein University of Applied Sciences
  • Royaume-Uni  :  Lancashire Wildlife Trust , Manchester Metropolitan University, North Wales Wildlife Trust
  • Irlande :  National University of Ireland Galway